Scène : rideau d'origine - Agrandir
Echos
Victor Grasland
1973
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Soixante et quelques années plus tard...
J'avais tout juste onze ans quand des mains bienveillantes mais fermes
m'installèrent dans ce wagon de troisième classe en gare de Fougeray-Langon :
le train en partance m'emmenait en pension… pour sept ans.
Mille souvenirs me reviennent des quelques années en pays langonnais qui
précédèrent ce départ, parfois bien nets, souvent diffus. Paradoxalement il en
est un auquel je tiens tout particulièrement, bien que n'y ayant
personnellement jamais participé : j'ai nommé la "Troupe des
Menhirs". Certainement parce que notre mère s'y impliqua avec
bonheur après le décès de notre père survenu en 1946. Autour de cette
association théâtrale régnait une ambiance familiale, une atmosphère conviviale
et chaleureuse que les soirées de représentations menaient à leur paroxysme. Les souvenirs de cette époque ont souvent peuplé mes pensées de manière plus ou moins subliminale comme alors cet environnement imprégnait mon âme d'enfant de parfums à la fois enivrants, idylliques et mystérieux.
Soixante ans après ce départ m'est venu l'envie, le besoin même, de revenir
sur cette "entreprise" et plus exactement sur son origine. (Je n'ai
pas l'intention, en effet, de faire l'historique d'une histoire qui continuera
de nombreuses années… toujours sans moi.) Je suis donc allé – et je continue, non
sans mal– à la recherche d'éléments tangibles auprès des dernières personnes, peu
nombreuses, actrices de cette période héroïque... et d'autres un peu moins âgées (comme moi) à la mémoire moins atteinte... :
Voici les premiers résultats de ces recherches.
A.D.
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Un premier
élément intéressant concerne la salle St Michel baptisée beaucoup plus tard, sans doute
sous la popularité croissante de la troupe éponyme, salle des Menhirs.
Il s'agit de
la délibération du Conseil Municipal de Langon datant du 20 février 1938
donnant autorisation au Recteur Jean Gautier de construire sur le terrain
municipal, dans les jardins du presbytère, une salle destinée aux œuvres paroissiales. - Cliquer pour l'agrandir sur le document
A à droite -
Le deuxième document est un avenant au bail signé entre la mairie et le Recteur Gautier datant du mois de juin 1938. Le bail initial concernant le presbytère date de 1934; l'avenant précise que la salle destinée aux œuvres paroissiales inclus cette dernière
- donc terminée - dans les prétentions de la mairie à récupérer ses biens. - Voir document B
La construction de cette salle paroissiale fut donc "rondement" menée puisque édifiée en l'espace de quatre mois, avec la participation bénévole des paroissiens qui donnèrent de leur temps et fournirent gratuitement la plupart des matériaux; tous
les corps de métiers présents sur la commune et concernés par cette entreprise apportèrent gracieusement leurs compétences et mirent la main à ma pâte. Seul le gros œuvre fut confié à des entreprises spécialisées.
- La salle fut officiellement inaugurée et bénie le 27 novembre 1938 : Lire -
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1939 (Agrandir)
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Bien entendu cette salle paroissiale, baptisée Patronage Saint Michel, était destinée en priorité aux enfants des écoles qui rapidement se l'accaparèrent et avec l'aide des enseignants et le concours du clergé surent l'utiliser pour ce qu'elle présentait de particulier : un espace comportant deux travées de siège faisant face à une scène et des coulisses où l'expression
théâtrale apparaissait comme une finalité évidente... sans doute ainsi conçue par la volonté de ses promoteurs pour une telle utilisation.
Rapidement l'usage ainsi défini donna l'occasion aux enfants, acteurs en herbe, d'exercer leurs talents par des productions hollywoodiennes comme nous le montre le document ci-contre datant de 1939.
Et de fil en aiguille, les adultes, déjà fort impliqués par la construction de l'édifice, décidèrent eux aussi - certainement sous la houlette du vicaire du moment l'Abbé Grasland - de se lancer dans la comédie et d'utiliser cet espace dont ils étaient tous parties prenantes.
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Suite à divers témoignages, et par recoupement, il s'avère que l'Abbé Victor Grasland, vicaire à Langon de 1933 à 1941 fut l'un des principaux instigateurs, et de l'édification de la salle de patronage, et de sa conception en salle de spectacle. Aussi, son investissement personnel et son implication dans l'activité théâtrale
ne fait aucun doute : assertion étayée selon diverses sources.
- D'après de nouveaux documents, il apparaît que cette activité théâtrale fut soutenue de longue date par le clergé et plus particulièrement les vicaires, comme l'abbé Boutier après la guerre de 14-18 - Bulletin paroissial de novembre
1967 -
Cependant, il n'eut guère le temps de mettre à profit ses talents d'organisateur dans cette nouvelle salle, puisque tout juste trois ans après la mise en place de ce projet, il était nommé dans une autre paroisse (Paramé)*. Il fut remplacer par l'Abbé Marcel Pautonnier qui n'aura pas les mêmes qualités en la matière et ne donnera pas les mêmes priorités à son ministère... et encore moins l'Abbé Migot qui succéda en 1947 comme Recteur à l'Abbé Gautier.
* Mes dernières investigations permettent de supposer qu'il eut même très peu l'occasion de profiter de cette nouvelle structure sa mobilisation sous les drapeaux ne lui en ayant donné guère le temps.
L'Abbé Grasland, après ses diverses affectations : vicaire à Paramé (1941-1948), puis Recteur à Chanteloup (1948-1959), La Bouëxière (1959-1968), Miniac-sous-Bécherel (1968-1976) se retira à Langon où il décéda le 9 Avril 1982. Tous les Langonnais, nombreux, très nombreux, qui ont joué sur les planches de la salle des Menhirs lui doivent reconnaissance
et gratitude !
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Abbé Victor Grasland -Vicaire
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Comme le montre cet article de Ouest-Eclair d'avril 1944, il apparaît que la Troupe Théâtrale Langonnaise poursuivit son activité y compris durant la guerre de 39/45.
Même si l'on peut imaginer logiquement qu'il y eut une interruption au tout début du conflit, et jusqu'à la débâcle de 1940, comme au niveau nationale et plus particulièrement dans les théâtre parisiens, la Province n'était pas en reste; les Langonnais, malgré l'Occupation des Nazis, continuent d'aller au théâtre comme la plupart de leurs concitoyens de l'époque.
"Les théâtres conservent leur rôle de propagateur du patrimoine français, car les Allemands reconnaissent que laisser les français se divertir est une bonne politique".
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Donc en 1944 : " La Vieille Fille, Jeanne d'Arc à Domrémy" de Lucie Paul-Marguerite
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Suite au départ de l'Abbé Grasland il fallait faire perdurer cette entreprise devenue institution à Langon depuis des lustres. René Ablain et André Trémoureux en tête décidèrent donc de créer une nouvelle association qu'ils baptisèrent "Troupe des Menhirs" en référence au célèbre cromlech des Demoiselles - Ici je ne m'aventurerai
pas à donner des dates précises pour l'instant, n'ayant pas encore réussi à trouver certaines archives... mais cela a-t-il vraiment une importance ? - Toujours est-il que l'association forte de nombreux acteurs prit de l'ampleur et rapidement acquis en même temps qu'une qualité indéniable une notoriété certaine. Qui à Langon ne jouait pas dans la "Troupe des Menhirs" ? Il n'est que de s'attarder sur la scène en marge de cette pièce "La Porteuse de Pain"
jouée en 1946 : bourrelier, fermier, boucher, marchand de pommes, employés, ouvriers, buraliste... se côtoient; et il ne s'agit là que d'un tableau. Étaient parties prenantes, et le boulanger, et la fermière, et la coiffeuse, et l'institutrice, et l'écolier ou l'écolière, et... revoir certaines photos ou programmes avec la distribution des rôles donne la réelle impression que chacun des membres de la communauté langonnaise avait son emploi à un moment ou à l'autre. Et ceux qui ne jouaient pas étaient
soit à la technique - avec André Laigle comme technicien en chef - ou à l'intendance... à se demander s'il restait encore quelques autochtones pour payer sa place et remplir les sièges des spectateurs ! Ce qui est certain, c'est que dans ce cadre convivial et ludique, où les amitiés s'ancraient, des couples se formèrent, le fil des ans en fit la démonstration - vous remarquerez, entre autre, en consultant les listes de distribution des rôles dans les
deux pièces ci-dessous qu'entre 1948 et 1953 Thérèse Dugué était devenue Madame Laigle - toute la communauté naviguait sur le même bateau, ce n'était qu'une seule et même famille. Idyllique ?... en tout cas c'est bien l'impression qui marqua mon enfance.
Toujours est-il qu'il n'y avait pas d'exclus, les soirées de représentations étaient des soirées de fêtes pour tous. Même les entractes donnaient à certains l'occasion d'animations inédites. J'entends encore entre deux levers de rideau Madame Renouard (première épouse d'Isidore) nous bercer avec "La Mer" de Charles Trenet quand ce n'était pas Emile Tressel (fils) nous amusant avec une autre chanson
à la mode de l'époque "Ca c'est d'la bagnole". Et il y avait toujours pour meubler les creux le gramophone qu'utilisait André Laigle pour les bruitages ou autres interventions sonores inscrits aux scénarios des pièces; une collection de soixante-dix-huit tours que nous connaissions par cœur : Patrice et Mario avec "Montagnes d'Italie" et "La Colline aux Oiseaux" ou "Le pas des patineurs" ou le "Corso blanc" clic par Edouard Duleu à l'accordéon... Que nous étions biens !
Gravure couvercle boite d'aiguilles
du gramophone de la salle des Menhirs
(Archives de Michel Ablain)
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Patrice et Mario
"La colline aux oiseaux"
Cliquer sur le
disque pour
écouter
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Echos dans les "Echos... Bulletin Paroissial"
1949 (Avril)
AU PATRONAGE
La Troupe "Les Menhirs" toujours aussi dévouée pour la grande cause ; la subsistance de nos écoles chrétiennes, va nous donner dimanche prochain 8, le 15, le 26 mai à 3h. un spectacle comparable à "La Porteuse de Pain". En ce moment même un artiste peintre nous fait de nouvelles toiles en vue de cette pièce. D'avance nous sommes sûrs que vous viendrez applaudir
nos acteurs et actrices qui ont sacrifié de nombreuses soirées pour vous. - Ce sera "Roger la Honte" (Distribution) NDLR -
Il sera prudent de louer ses places pour être bien placé dans la salle. - Voir Ouest-France : "Roger la honte"
1956
THEÂTRE (Bulletin Paroissial -septembre )
La troupe des Menhirs va de succès en succès. La dernière de ses œuvres : "Le Tic à Titine", n'a fait que mettre davantage en relief - s'il en était besoin ! - le talent de chacun. Une fois de plus, nous les remercions de se dévouer comme ils le font, - depuis longtemps - et avec le sourire toujours en faveur de leurs compatriotes
qui - disons-le - n'en profitent pas assez. Il est normal qu'ils soient récompensés. C'est pourquoi nous les avons vu partir avec leur famille un beau matin d'Août vers le Val André, pour y passer une très agréable journée. Et maintenant, il faut songer à l'avenir. Quelle sera la prochaine pièce ? Vous le saurez le mois prochain et même avant...
"Les Misérables "- Avril 1956
V. Hugo / Dubois (O.F. 19.04)
"L'Ange qu'on m'a donné" (Adaptation J. Dajoigny, d'après le roman de A. Machard)
- Décembre 1956 / O.F. 13.12)
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1959 (Mai)
NOS SPECTACLES
La nécessité où se trouvent tous ceux qui sont les responsables de l'avenir de nos écoles, de se procurer les ressources indispensables, nous a du moins valu la très grande joie d'applaudir les artistes de la Troupe des Menhirs. Deux pièces étaient au programme des 22 février et Ier mars.
Dans l'une d'elles, le "Rhinocéros", les rôles confiés aux plus jeunes dans le métier, furent excellemment interprétés par Mme Y. Renouard, M. Roquet, Michèle Dandé, Jean-Jacques Dandé et Daniel Renouard, qui tous se tireront à merveille de ce qui leur était demandé.
Puis, les anciens, les chevronnés, emmenés par André Trémoureux et Mme Laigle firent des "Boulinard" une pièce d'un fin comique dont longtemps après on se reprenait à répéter les formules ou les phrases les plus spirituelles. Nul d'entres ces dévoués artistes ne fut inférieur à son rôle. Voulez-vous les connaître ? - C'étaient : M. Meilleray, M. Frin, M. Albert Provost,
Madeleine Ducloyer et Michèle Gicquel, François Gicquel, Mme P. Moquet, Michel Massiot et Joseph Dandé de Quenairon, B. Geffray.
Que tous reçoivent ici les félicitations que l'assistance leur a déjà apportées par ses chaleureux applaudissements. - Et nous y ajouterons l'expression de notre reconnaissance, car la Troupe des "MENHIRS", qui passe des centaines d'heures en répétition, le fait exclusivement pour venir en aide à la paroisse.
Merci également à tous les employés bénévoles qui, du guichet de distribution des billets, en passant par la salle pour aboutir aux coulisses, forment la chaîne ininterrompue des dévouements toujours si précieux pour la bonne marche des spectacles.
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1968 (Mai)
THEÂTRE
LE TAMPON DU CAPISTON
(d'après la pièce Mam'zelle Culot de Jacques Bever et Alfred Vercourt)
La troupe théâtrale "Les MENHIRS" a pris un excellent départ. Les deux séances ont fait salle comble et les spectateurs ont pu constater que l'on peut "faire encore quelque chose à LANGON".
De nombreuses personnes auraient désiré une séance en après-midi - Cela nous a été impossible cette fois-ci. En effet nous avons été pris de court, et aucun dimanche n'est libre maintenant.
Mais rassurez-vous "Nous remettrons ça" et nous tâcherons de faire mieux et de contenter tout le monde.
Félicitations aux "Anciens" : Roger Frin (Cochu) - André Trémoureux (capitaine) et aux "Jeunes" : Edith Dandé (Hortense) - Jocelyne Macé (Yvonne) - Maryvonne Jouadé (Mélanie) - Alain Macé (commandant) - Pierre Gauvin (Lormois) - Michel Szendrovics (notaire) - Jean-Yves Gauvin (Pastini)
- Michel Colin (Briffoteau) - Daniel Ducloyer (Michoudard).
Et remerciements à tous les "Sans Grades" qui ne paraissent pas mais qui "jouent bien leur rôle" : souffleur, machinistes, metteurs en scène, vendeuses, (bar, entrées, contrôle, etc..).
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1968 (Décembre)
THEÂTRE
CRIME A L'ERMITAGE
(Pièce en trois actes de Thareau Pierre)
Vous l'avez constaté, vous qui avez assisté à cette représentation, la pièce policière "Crime à l'Ermitage" n'était pas facile à rendre... Dans cette pièce il n'y avait pas de grands jeux de scènes, pas de rires... tout était dans le dialogue, l'expression, le déroulement, le suspens...
Et cela a été parfaitement rendu. C'est pourquoi je tiens à remercier toutes les actrices et les acteurs : Edith DANDE, Jacqueline BRARD, Jocelyne MACE, Huguette PANHALEUX, Monique THEBAULT, Madame Pierre MOQUET, André TREMOUREUX, Roger FRIN, Auguste MEILLERAY, Albert PROVOST, Victor ROUAUD, Jean-François RIVIERE, Jean-François LEVANT, Michel TREMOUREUX.
Bulletin Paroissial Janvier 1969
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1970 (Avril)
"EN PLEIN COEUR"
1971 (21 Avril)
"J'Y SUIS, J'Y RESTE" de Raymond Vincy et Jean Valmy
1971 (6 juinl)
"On demande un ménage" comédie en 3 actes de Jean de Létraz (O.F. 9 juin)
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1972 (19 Mars)
"Michel". de Marguerite Augustin-Bunel
1972 (Décembre)
"La marraine de Charley" de Maurice Ondonneau et Braudon-Thomas.
1973
Mars : "En plein cœur" de Jean des Marchenelles - O.F. / Photo
"Les Moineaux de Montmartre" de Jean Des Marchenelles - (24 & 30 décembre)
24 Décembre 1973 - SEANCE THEÂTRALE en SOIREE de NOËL
C'est dans une salle comble qu'à 21H00 le rideau se leva. Avec une attention remarquée, la salle suivit le spectacle et renouvela souvent ses applaudissements, bien mérités. "Ces rigolos moineaux de Montmartre nous ont bien fait rire, avec leur langage spirituel et malicieux".
Tous les interprètes, anciens et jeunes sont à féliciter. Ils le sont d'autant plus que depuis 2 mois ils préparaient ce spectacle et il a bien fallu répéter sur une scène plutôt pauvre en chaleur physique, mais riche, ô combien, en chaleur "morale". Que le metteur en scène et directeur de la Troupe, M. André Trémoureux, et tous ses collaborateurs soient remerciés !
Bulletin Paroissial Janvier 1974
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DISTRIBUTION
RODOLPHE
PAUL
LEON
BIDASSE
Le BARON
HERCULE
VIRGINIE
AGATHE
CAROLINE
SUZON
ROSE
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Alain GOUSSIN
Jean Marie MEILLERAY
François GICQUEL
Pierre GAUVIN
Jean Paul THEBAULT
Victor ROUAULT
Marie Br. CHEVALIER
Mme Pierre MOQUET
Mme Pierre GAUVIN
Jacqueline LAURAND
Patricia ROUAULT
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1974 (24 décembre - 20H30)
"MON ISMENIE" - Comédie en 1 acte d'Eugène Labiche
"Les Deux Timides - Comédie en 2 actes d'Eugène Labiche
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1975 (24 décembre - 20H30)
"Un MARIAGE AMERICAIN" - Comédie en 1 acte
"TROIS FEMMES et UN TIERCE"- Comédie en 2 actes
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1920
P.S. Il existait déjà une Salle Saint-Michel - qui donna son nom à la nouvelle Salle construite en 1938 - dont nous n'avons pas la situation dans le Bourg.
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Quelques précisions.
Comment ai-je défini l'année de cette prestation ? Par recoupement d'après les âges de 3 intervenants. Julien Lévêque né en 1897 et Joseph Percevault né en 1899 étaient trop jeunes en 1910, sachant que Ange Meilleray, né en 1889, fit 3 années de service militaire à partir de 1911, puis les 5 années de guerre pour n'être libéré qu'en 1919. Fin 1920 Ange Meilleray partait définitivement
à Caen où l'attendait un poste à la SNCF. Ces 2 soirées récréatives des 3 et 10 avril ne peuvent donc dater que de 1920.
Deux autres remarques : certainement une erreur sur le prénom du Sieur Dandé "H", Aucun Dandé de Langon, pas plus que de Derval dont ils sont originaires n'avait à cette époque un prénom commençant par cette lettre. Quant à la seule femme de la distribution, Guérin "cuisinière du colonel" elle est la seule personne dont on ne donne pas même l'initiale du prénom !
A suivre, au fur et à mesure de mes trouvailles et découvertes, les textes des différentes pièces du programme.
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- P R O G R A M M E -
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- La Fluxion, monologue comique..........................Eugène Houis
- Le Couteau, chanson de Th. Botrel......................Alfred Gicquel, Félix Désille
- Un Enterrement Civil, épisode militaire en 1 acte de H. Boju (Boyer?)
Monsieur Schneider...................J.M. Guérin
Eugène, son fils..........................J. Provost
Emile, jeune Alsacien................H. Coignard
Ernest........id..............................H. Dandé
Tambour, vieux soldat...............Jean Geffrais
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Marcel, jeune Bavarois..........Jules Provost
Fernand........id.......................Jean Batard
Un sergent prussien...............Jean Jouadé
Deux soldats prussiens..........Ange Meilleray
...Pierre Guérin
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- II -
4 - Marche des Gardes Champêtres........................Em. Delanoë, F. Macé, J. Er...,Jules Provost, H. Meilleray
5 - Quéqu's renseignements SVP, Th. Botrel..........F. Désille et E. Houis
6 - Ma première cigarette, monologue comique.....F. Macé
7 - La Fête au colonel Gringallot maire de Vatfairfiche, opérette-farce en 1 Acte de Aug. Thibault
Personnages
Le colonel Gringallot.......................................................Aug. Meilleray
M. Laidhumeur, maître d'école........................................J. Lévêque
Le Père Plaquabras, garde-champêtre.............................A. Gicquel
Desflammèche; ancienne ordonance du colonel............. E. Delanoë
La Vieille Barbe, cuisinière du colonel...........................Guérin
Les enfants de l'école........................................................M. Siloret, M. Gicquel, etc. etc....
Deux paysans.....................................................................J. Salmon et J. Percevault
Autres paysans
8 - La Puce, monologue comique...................................E. Houis
9 - Marche des Facteurs.................................................A. Gicquel, J. Jouadé, A. Meilleray et J.M. Guérin
10 - Hymne à l'Étendard de Jeanne d'Arc.
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TEXTES de la Séance Récréative de 1920
Cette cantate a été
composée en 1889 par l’abbé Marcel Laurent sur des vers
du chanoine Gustave Vié.
1 - Sonnez fanfares triomphales,
Tonnez canons, battez
tambours !
Et vous, cloches des
cathédrales,
Ébranlez-vous comme au grand
jour !
En ce moment la France toute
entière
Est debout avec ses enfants
Pour saluer, comme nous, la
bannière
De la Pucelle d’Orléans !
R - Étendard
de la délivrance,
À la victoire il mena nos aïeux,
À leurs enfants il prêche l’Espérance,
Fils de ces preux, chantons comme eux,
Fils de ces preux, chantons comme eux,
Chantons comme eux,
Vive Jehanne, Vive la France !
2 - Salut à la blanche bannière
Salut, salut aux noms bénis
Du Christ et de Sa Sainte Mère
Inscrits par Jehanne dans ses
plis
Par eux, jadis, elle sauva la
France
Aimons-les donc comme
autrefois
Et de nouveau consacrons
l’alliance
De notre épée avec la
Croix
3 - Quels noms fameux tu nous rappelles,
Drapeau sacré, toujours
vainqueur !
Patay, Beaugency, les
Tourelles,
Et Reims où tu fus à
l’honneur !
À ton aspect, que la France
reprenne
Sa vieille foi et sa vieille
ardeur,
En t’acclamant que ton peuple
devienne,
Plus généreux, plus
rédempteur !
4 - Planant au-dessus de nos têtes,
Les grands français de tous
les temps
Réclament leur part de nos
fêtes
En s’unissant à leurs
enfants !
Les anciens francs, les preux
du Moyen Âge,
Et les braves des temps
nouveaux
À Jehanne d’Arc rendent le
même hommage,
Et lui présentent leurs
drapeaux !
LA FLUXION
Monologue Grivois*
de SAINT-GILLES et P. Briollet
* Vu le qualificatif, il n'est pas certain que ce soit le bon... pour un patronage !
Mademoiselle Henriette est une belle enfant
Âgée de dix-sept ans, pas d'corset, tout's ses dents...
Des dents blanch's comm' du lait dont ell' se montre fière
Mais qui font cependant l'désespoir de sa mère
Car Henriett' ne veut pas en prendre assez de soins
En prétendant, d'ailleurs, qu'ell's n'en ont pas besoin
Et que ses petit's quenott's brillent sans l'artifice
Des rinçag's quotidiens et des eaux dentifrices...
Bref, ell' se lav' les mains, les pieds... et le restant
Mais ell' oubli' toujours de se laver les dents !
Or un jour en s'levant, ell' vit sa joue enflée...
- Qu'est cela ? - se dit-ell', déjà tout' désolée...
Ell' va trouver sa mèr' qui lui dit : Mon enfant,
C'est un' fluxion qui t'vient... ça n'est pas surprenant,
C'est toi qui l'a voulue, car cette enflure louche
Vient de ce que tu ne veux pas laver ta bouche. -
Et la maman explique avec preuve à l'appui
L'influenc' des microb's infiniment petits
Qui se log'nt sournois'ment dans l'tissu des muqueuses
Et finiss'nt par produir' des boursouflur's affreuses.
Or, peu de temps après, une dam' vint en passant
Voir Mad'moiselle Henriette ainsi que sa maman,
Cette dame marié' depuis six mois à peine
Possédait cependant une grosse bedaine
Ne laissant aucun dout' sur sa situation
Donnant l'signe évident de la r'population
Mademoiselle Henriette la voyant si gonflée
Lui dit : - Chère Madam' vous d'vez êtr' désolée
Mais c'est de votre faut' car à c'que dit maman
On peut éviter ça en se précautionnant.
On voit bien, croyez-le, qu'vous n'vous ête's pas lavée
Sans quoi, cett' fluxion-là n'vous s'rait pas arrivée.
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LE COUTEAU - Théodore Botrel 1900
A chanter à deux : Alfred Gicquel & Félix Désille
- "Pardon, Monsieur le Métayer, Si, de nuit, je dérange; Mais je voudrais bien sommeiller Au fond de votre grange ! - Mon pauvre ami, la grange est pleine Du blé de la moisson; Donne-toi donc plutôt la peine D'entrer dans la maison !
- "Mon bon Monsieur, je suis trop gueux; Qué gâchis vous ferais-je ! Je suis pied-nus, sale et boueux ! Et tout couvert de neige ! - Mon pauvre ami, quitte bien vite Tes hardes en lambeaux; Pouille-moi ce tricot, de suite Chausse-moi ces sabots !"
- "De tant marcher à l'abandon J'ai la gorge bien sèche : Mon bon Monsieur, baillez-moi donc Un grand verre d'eau fraîche ! - L'eau ne vaut rien lorsque l'on tremble Le cidre... guère mieux; Mon bon ami, trinquons ensemble ; Goûte-moi ce vin vieux !"
- "Mon bon Monsieur, on ne m'a rien Jeté, le long des routes; Je voudrais avec votre chien Partager deux, trois croûtes ! - Si, depuis, ce matin, tu rôdes, Tu dois être affamé; Voici du pain, des crêpes chaudes, Voici du lard fumé !"
- Chassez du coin de votre feu Ce rôdeur qui n'en bouge : Êtes-vous "blanc" ? êtes-vous "Bleu" ? Moi, je suis plutôt "Rouge" ! - Qu'importe ces mots : République, Commune ou Royauté : Ne mêlons pas la Politique Avec la Charité !"
Puis le Métayer s'endormit, La minuit étant proche... Alors, le vagabond sortit Son couteau de sa poche L'ouvrit, le fit luire à la flamme, Puis, se dressant soudain, Il planta sa terrible lame Dans... la miche de Pain !
Au matin-jour, le gueux s'en fut, Sans vouloir rien entendre... Oubliant son couteau pointu Au milieu du pain tendre...
Vous dormirez en paix, ô Riches ! Vous et vos Capitaux, Lorsque les gueux auront des miches Où planter leurs couteaux !!!
LA PREMIERE GIGARETTE
Monologue comique de Jean de Kerlecq
Dit par François Macé
J'avais quinze ans .alors profitant d'un
jeudi,
Je voulus m'amuser tout un après-midi.
À cet âge on se croit déjà
presque un grand homme.
Eh 1 puis, n'avais-je pas deux grains de barbe,
en
somme ?
J'allais nonchalamment,
flânant en amateur,
Mais j'étais
cependant tout triste et
tout rêveur;
Car, vous le pensez bien, ce n'était pas très
drôle.
Je n'étais pas content, n'étant
pas dans mon
rôle.
Quand soudain un projet me traversa
l'esprit.
Incontinent, ma foi je le mis a profit.
Je m'en fus acheter deux
sous
de
cigarettes,
Et pour un autre sol un paquet
d'allumettes !...
Très fier de mes achats et content désormais,
Je pris la cigarette; aussitôt
j'allumais.
Ah t quel enivrement ! Que de riches idées !
Je me sentais grandir de plus de cent coudées.
Je vis un camarade, et c'est avec mépris
Que je le regardai croquer
des
bonbons gris
;
Le jaloux en ferait plus
d'une maladie.
Que j'étais donc heureux. Ah
! Que
c'est bon
la vie !
Soudain il me sembla que la terre tournait.
Je devenais tout pale et j'en fus stupéfait ;
Est-ce que par hasard ?... Non, ce n'est pas possible !,..
Je suis un homme, eh ! puis... j'ai l'estomac paisible...
Cependant je sentais
s'ébranler le
trottoir,
Et tout a coup je fus obligé de m'asseoir:
Allons I ce n'est rien, dis-je, et bientôt sans nul
doute
Je pourrai m'en aller et reprendre ma route.
Pourtant l'heure avançait et je sentais
toujours.
Que mon pauvre estomac demandait du secours.
Eh ! puis, vous le dirais-je ? Non loin d'une buvette,
J'avais depuis longtemps
jeté ma
cigarette1
Je n'étais pas si fier qu'une heure
auparavant.
Je fuyais à présent le regard du
passant
Mon chapeau du dimanche avait roulé par terre,
Et ma canne dormait près de moi, solitaire!
J'avais sans étiquette
entr'ouvert mon
gilet,
Sans souci du passant plus
ou moins
indiscret.
J'étais dans un état piteux et lamentable,
Eh ! puis de m'en aller je n'étais plus capable.
Comment allais-je faire ? il me fallait rentrer;
Et je n'osais chez
nous ainsi me présenter;
Car je voyais déjà, dans la salle, mon père
Fixant sur ma personne un regard
funéraire.
Cependant la raison me
répétait cela
:
« Allons, mon pauvre ami, tu ne peux rester
là.
C'est ennuyeux c'est vrai; tant
pis
pour toi, mais diantres I
Il faudra, mon petit, que, tôt ou tard, tu rentres t »
Ayant ainsi parlé je me dressais debout :
Mais dans mon estomac je sentis un remous
Et bientôt, sur la terre, — belle
d'indifférence I—
Je déversais
En flots
épais,
Le trop plein de mon... éloquence t
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